Discours Saint Valentin Philippe Gross 13 février 2024

Monsieur le Supérieur du grand séminaire, cher Norbert, Monsieur le maire de GUEBWILLER et tous les adjoints et membres de la municipalité présents, chers paroissiens et amis de Saint Léger, permettez-moi de vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue à cette traditionnelle célébration de la Saint Valentin qui sera présidée par le père René Fischer et chantée par la chorale Sainte Cécile.

« A la ST GLINGLIN se promener sur les fortins c’est bien,

à la ST VALENTIN, se promener sur les fortins jusqu’au matin c’est mieux »

C’est par ce dicton populaire d’un anonyme guebwillérois du XVÈME siècle, que je vous propose de débuter cette célébration, partant du principe qu’il ne faut jamais refuser de prendre de la hauteur sur les problèmes.

Oui, Frères et Sœurs, que l’on soit grand chez les petits, ou petit chez les grands, pire encore, que l’on soit de GUEBWILLER ville haute ou de GUEBWILLER ville basse, allez ! Avouons qu’on aime bien cette courte respiration spirituelle vouée à Brigitte SCHICK, l’une des égéries guebwilléroise les plus célèbres.

Avouons aussi que c’est avec un sentiment de reconnaissance éternelle que, grâce à elle, les plus distraits d’entre nous sont toujours présents au rendez-vous de la fête des amoureux, en mesure de déclamer à la date du 14 février leur flamme à l’être cher, un peu comme les ARMAGNAC , qui, sans l’intervention héroïque de Brigitte, eussent donné naissance à une recette qui eût pu devenir célèbre, le guebwillérois flambé. A l’armagnac bien sûr !

Rappelons nous, ou plutôt, laissons notre imagination divaguer et entendons le cri de désespoir des Armagnacs, le soir du 14 février 1445, tandis qu’ils se font refouler par des Guebwillérois réveillés in extremis, nous dit-on, par une femme qui se promenait sur les remparts de la ville alors que toute la cité dormait profondément.

Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient en savoir plus sur cette histoire, je vous invite à vous plonger dans l’excellent ouvrage de Jean-Marie SCHELCHER : Brigitte SCHICK l’insolite nuit de la SAINT VALENTIN .

Alors, Brigitte SCHICK, histoire ou légende ? Légende ou histoire ?

Peu importe, la vérité est sans doute entre les deux. Le synopsis de cette histoire est tellement éternel et universel, que dans quelque coin du monde où l’on soit, dans chaque pays, dans chaque région et chaque commune, on trouverait normal de faire comme Brigitte, de donner l’alarme pour préserver et mettre à l’abri des flammes et des barbares les biens, matériels et immatériels, mais surtout humains de ce que PLATON appelait la Cité. Il ne vous aura pas échappé que ce terme de « Cité » autorise la métaphore filée et qu’au delà de l’égérie guebwilléroise, les grandes cités occidentales représentée pour certaine par MARIANNE, font toujours et encore l’objet de tentatives d’agressions contre lesquelles il faut se prémunir, au risque de devoir se battre à nouveau pour en récupérer l’usage.

Ce sombre bilan est-il définitif ? Faut-il baisser les bras ? Non, certainement pas.

Malgré ces périodes troublées que nous traversons et du fond desquelles résonnent à nos oreilles des bruits similaires à ceux qu’ont dû entendre Brigitte SCHICK et ses contemporains, il est bon parfois de savoir qu’un solide coup de voix proféré avec force et passion peut réveiller tout le monde, y compris les plus récalcitrants pour se mettre collectivement en ordre de bataille et défendre sa cité et le corpus des valeurs communes qu’elle recèle.

Brigitte SCHICK 1ère lanceuse d’alerte ? Pourquoi pas. Certainement, tant son cri, malgré les siècles d’écart, reste contemporain. A bon entendeur Salut !

Avant de vous souhaiter à toutes et à tous une très belle messe, permettez-moi, au nom du conseil de fabrique de vous inviter, à l’issue de la cérémonie à échanger ensemble autour d’un verre de l’amitié qui sera servi dans le collatéral droit, sous les échelles prises, selon la légende, aux ARMAGNACS. Des fois qu’ils viennent les récupérer !….

Philippe Gross, président du conseil de Fabrique Saint Léger