Vie de Saint-André Bauer

André naît le 26 novembre 1866 à Guebwiller où se sont installés ses parents Luc et Lucie, il est leur sixième enfant. La famille Bauer mène une vie modeste mais profondément chrétienne. Le père qui est président de la Confrérie des hommes de la paroisse travaille à la filature Schlumberger, les deux époux sont tertiaires franciscains et les enfants font partie de la confrérie de la paroisse.
A l’âge de 10 ans il entre lui aussi à la filature Schlumberger qu’il quitte en 1880 pour entrer en apprentissage chez un jardinier. Embauché par la famille De Barry, il profite de ses temps libres pour rendre service aux sœurs de l’orphelinat : il assiste aux offices et fleurit la chapelle.
Après le désastre de la guerre de 1870, la famille quitte l’Alsace pour Belfort avant de rejoindre leurs autres enfants à Paris, André a alors 19 ans.

 

La vocation franciscaine

A Paris, André poursuit son métier de jardinier et se perfectionne dans les techniques de jardinage. Parlant mal le français, la famille rejoint la mission de la langue allemande où existe une fraternité séculière franciscaine. C’est ainsi que « Dieu avait mis Saint François sur le chemin d’André».

Bien vite, André pense au don total et s’en ouvre à son confesseur, un père Jésuite, qui le recommande au supérieur des Franciscains du couvent de Sainte Anne. Il accepte d’être simple frère et d’entrer au couvent pour la tâche humble d’auxiliaire des pères et sa candidature est reçue le 27 juin 1886. Il part pour la Grande Bretagne où il suit sa formation et reçoit l’habit d’oblat au couvent de Clevedon : il est au comble du bonheur !

 

Service militaire et soutien familial

André a alors 20 ans et intègre la nationalité française. Il tire le mauvais numéro et doit effectuer un service militaire de 5 ans qui sera réduit à 3 ans à Sainte Ménéhould. Libéré de ses obligations militaires en 1890, il rejoint ses parents à Paris pour les aider à se sortir d’une situation difficile. Il remet donc à plus tard son retour à la vie religieuse, mais sa mère consciente de son drame de conscience, le conjure de suivre sa vocation.

 

Formation religieuse

Il retourne au couvent de Sainte Anne d’où il est envoyé à Roubaix pour commencer son postulat. Son temps de probation se termine en 1895 et il commence son noviciat de frère mineur au couvent d’Amiens. Le 19 mars 1895 à la Saint Joseph, il reçoit l’habit de franciscain : désormais il est « Frère André » et fait sa profession de foi le 25 mars 1896 lors de la fête de l’Annonciation.

 

La vocation missionnaire

Au couvent de la rue des Fourneaux il rencontre un franciscain italien le Père François Fogolla vicaire général de Mgr Grassi évêque en Chine au Shanxi accompagné d’un jeune chinois de 15 ans Dong Bodi séminariste tertiaire. A son contact, André sent remonter en lui son désir de don total et son regard se porte vers la Chine d’autant plus que le Père Fogolla devenu évêque cherche des apôtres pour son vicariat. Il reçoit finalement le consentement de ses supérieurs : « Dieu l’a appelé en Chine ! »

 

Départ pour un long voyage

Après de longs préparatifs il se retrouve avec 14 religieuses de l’Institut des Franciscaines de Marie sur le Salazie en partance pour la Chine. Au bout d’une longue traversée, ils atteignent la mer de Chine le 12 avril 1899 pour reprendre le voyage le 16 avril sur le «Wuchang » et arriver le 20 avril à Takou. Le voyage se poursuit en train jusqu’à Tien-Sin qu’ils quittent le 26 avril et c’est en caravane de mules qu’ils atteignent Taiyuan le 4 mai où les attend Mgr Fogolla.

 

La vie missionnaire en Chine

Les Franciscains établis à Taiyuan y ont construit une grande résidence, une cathédrale, un séminaire et un orphelinat. C’est dans cette cathédrale que frère André prononce ses vœux solennels et perpétuels le 21 mai 1899 avant de commencer son travail de missionnaire.

Frère André se met rapidement au courant des habitudes chinoises, en adopte le costume et se met à l’étude de la langue. Il vit dans une cellule au confort des plus élémentaires et se montre toujours occupé à de multiples tâches en véritable « factotum » tout en cherchant à s’instruire. Il allie ainsi harmonieusement son désir de vie intérieure et un grand sens pratique de la vie. Chargé d’aider les sœurs à l’orphelinat, il intervient également au dispensaire où il est nommé infirmier et visite des malades aux alentours.

Ses confrères le qualifient de dévoué, attentif, courageux, observateur, patient, amical, rayonnant de joie, sachant bien rire et plaisanter, toujours de bonne humeur et un monument de piété qui ne manque jamais dans ses lettres de se recommander aux prières de ses proches.

 

Persécution et massacre

La révolte dite des « Boxers » fait suite aux vicissitudes politiques qui ont fait suite à la « guerre de l’opium » et de « traités inégaux » imposés par les puissances occidentales, mais le massacre des missionnaires a été provoqué pour un motif purement religieux : la haine envers les chrétiens née des brutales prises de possession par les Allemands, Russes, Anglais et Français. Des églises sont brûlées, Mgr Grassi pense que les troubles ne sont que passagers, mais la menace des « Boxers » s’accentue et un décret impérial demande l’expulsion des missionnaires.

Le soir du 5 juillet 1900, un groupe de 26 personnes comprenant les deux évêques, deux pères, le frère André, cinq séminaristes et sept sœurs franciscaines et neuf employés sont emmenées à la maison mandarinale de Tsou-teou-han sous le prétexte que la maison est sûre. Les missionnaires peuvent y célébrer, recevoir des visites de l’extérieur, mais les européens ne peuvent en sortir. Frère André qui se prépare depuis longtemps au martyre, se montre gai voire impatient de monter au ciel, tout comme les sœurs et les séminaristes.

Les évènements se précipitent et le 9 juillet 1900 les soldats entrent dans la maison et emmènent les occupants au tribunal du vice-roi où ils sont condamnés à mort et massacrés